Saturday, July 27, 2013

I was an infinitely hot and dense point

Mark Leyner: My cousin, My gastroenterologist

You're in for a fun ride. In this absurd futuristic book, Leyner's imagination knows no limits and depicts a ridiculous world where you can drink growth hormone cocktails, where mosquitoes bite pricks and where you can just blow up your car by turning the key in the ignition, and then calling a tow truck to have it fixed. You see? It makes no sense. Well imagine 17 chapters of unconnected stories unraveling one after the other in a complete disorder. Of course, the gastroenterologist makes appearances, but very rarely. Leyner has no concern whatsoever for punctuation nor for logic, for that matter. His ideas just float around in the space of his book, defying gravity and what a normal book should look like (and convey). I actually found myself laughing out loud at the insanity of it all. And what's up with fighting Walid Jumblatt's militiamen with kung fu? That must make a lot of Lebanese crack up, I know I did. So if you like roller coasters, this is for you, cause you will never know what's coming up next.

Wednesday, July 24, 2013

The voice of hope

Atiq Rahimi: Earth and Ashes

It takes a hell of a writer to describe a moving story in less than 100 pages. Atiq Rahimi is up for it. With a simple but beautiful prose, this French-Agfhan writer tells the story of Dastguir, a very old man whose whole family was killed under the Russian bombs. The only survivors are his son Murad who works in a mine after having left his family in the custody of his father, and his grandson Yasin. But Yasin did not come out of it intact. Yasin lost his hearing. But to Yasin, it is not he who lost his hearing, but the world who has lost its voice. Should Dastguir go tell his son that his son is the only thing left for him in the world? Or should he spare him the heartache and the pain? Told in second-person, the reader is summoned to put his heart into this book and have a moment of beauty, hope and survival.

Cher Kosovo

Ismail Kadaré: Il a fallu ce deuil pour se retrouver : journal de la guerre du Kosovo

Le Kosovo pleure. Le Kosovo est sous les décombres. Le Kosovo implore le monde. Sous le joug serbe, les kosovars se voient déracinés de leur terre, leurs maisons délabrées, leur honneur violé. Tout se déroule en 1999, sous les yeux de la communauté internationale qui est divisée entre les deux factions. S'agit-il du "berceau de la Serbie" ou de la terre des Albanais? De toute façon, est-ce qu'une animosité entre deux peuples pourrait justifier de commettre des crimes de guerres des plus atroces? Et même si le conflit est résolu après l'intervention de plusieurs parties internationales, qu'est-ce qui pourrait rendre les âmes de ceux qui ont péri écrasés sous la machine de guerre? Si les mots résonnent plus fort que les bombes, Ismail Kadaré s'y donne corps et âme pour défendre sa patrie, son peuple, tout en condamnant les transgressions commises par les siens contre la Serbie. Ce livre, en forme de journal intime, sert d'outil contre la guerre, pour la tolérance, pour un Kosovo libre mais surtout reconnu comme tel par ses voisins. Il a fallu ce deuil pour se retrouver, pour écrire une lettre d'amour au champ du merle.

Junkie Lee

William Burroughs: Naked Lunch

WARNING: This is not for smooth digestion nor for the weak-hearted. This is by all means a gory and subversive book replete with obscene sex scenes, sadist practices, even pedophilia. But this is not just it. Burroughs takes us through the wild journey of a junkie, William Lee, who travels places, meets people. Non-linear plot, chaotic structure, the book almost looks like a collage of a junkie's diaries, whose mind errs in its own world of fantasy, where everything is redefined: sex, hygiene, society, judgment, etc. Going through Naked Lunch is accepting to enter this world with no preconceived ideas, and just allowing to be taken by the madness of it. What Burroughs depicts here is his own past as a drug addict in an American system that is fed with the junkie's needs. To break the system, the solution is not to break down the top, but the bottom, the very bottom, the junkie on the street. So what is Naked Lunch? As Allen Ginsberg beautifully put it, it is "a frozen moment when everyone sees what is on the end of every fork."

Sunday, July 21, 2013

Mi media naranja

Agota Kristof: Le grand cahier

Une vie menée à deux, des atrocités vécues ensemble, une double existence, une sinistre mélodie jouée à quatre mains. Deux frères jumeaux dont la vie est bouleversée par la grande guerre, sont forcés à se séparer de leur mère et à vivre avec une grand-mère impitoyable qui les traite comme des voyous. Les deux gamins éprouvent la faim, le dépaysement, la pauvreté et la violence. Pour s’en sortir, pas forcément intacts, ils s’infligent des exercices psychologiques et physiques pour augmenter leur endurance face à la douleur, en s’échangeant des coups et des insultes, tout pour survivre dans un monde atroce. Unis, ils se trouvent obligés d’adopter de nouveaux principes qui les aideraient à tenir le coup. C’est ainsi qu’à travers des connaissances terribles et des expériences sexuelles précoces/perverses, ils reçoivent le bagage émotif dont ils ont besoin pour survivre… maigrement. S’agit-il de deux êtres malfaisants qui se sont laissés manipuler par les atrocités de la guerre, se transformant en un monstre, ou de deux victimes qui trouvent la force dans l’union, une union qui est terrible, voire effrayante ? De toute façon, ce journal intime, magnifiquement écrit à la première personne du pluriel, représente le côté obscur de la gémellité, faisant allusion à un tout indissociable, qui empêche l’épanouissement de l’individu. Quand est-ce que « deux » sera « un », et cet « un » assez fort pour appréhender les épreuves les plus pénibles de son existence ?    

Friday, July 19, 2013

La neige ne fait pas le moine

Sylvain Tesson: Dans les forêts de Sibérie

Pour savoir s'il avait une vie intérieure, Sylvain Tesson quitte son monde parisien, où il bavardait trop, pour s'installer dans une cabane au lac Baikal pendant 6 mois. Un type d'ermitage moderne, où l'auteur raconte les révélations internes et les idées qui le taraudent dans son isolement. L'objectif de la mission est surtout de savoir s'il est capable de se supporter tout seul, son seul équipement étant de la vodka, des clopes, une belle collection de livres, un peu de nourriture et des outils pour survivre dans le temps glacial qu'il fait dehors. Loin des hommes, Tesson prend son temps pour méditer sur sa relation avec la nature, l'univers. Il inscrit toutes ses trouvailles dans un journal qui se transformera en un livre plus tard. Un bel ouvrage destiné à tous ceux qui sont désireux de changer le monde, n'y arrivent pas, décident de lâcher l'affaire et de vivre en reclus. Par contre, je trouve que l'auteur aurait pu recourir moins aux références littéraires et philosophiques, et se contenter d'injecter ses propres idées dans ce journal. A un certain moment dans ma lecture, je me lassais aussi de la description de la vie dans la cabane, qui devenait un peu pesante et ne collait pas trop avec les réflexions de la vie en ermite. Conclusion: les idées sont intéressantes, le style pas assez fluide. Pas mal, peut mieux faire.

Thursday, July 4, 2013

Eclipsed by GG

Thomas Bernhard: The Loser

What does it feel like to live side by side with a piano virtuoso? Does it make you eager to better your musical capacities or just drive you crazy? Does it make you want to turn to philosophy or kill yourself? Bernhard magnificently portrays the talent of Glenn Gould by dedicating a book to his complete opposite: The Loser. Well, it would be cruel to say that Wertheimer is a complete loser, he did try to play Goldberg variations, but not as good as Glenn Gould. The most unfortunate event in Wertheimer's life may just be the moment he heard Glenn Gould play the Golberg variations on the piano, it was the inevitable fall into a downward spiral. In this rambling monologue, Bernhard delves into the psychology of the winner and the loser, both dead, as the narrator remains alive to tell their story. For quite a small plot, Bernhard gets obsessive, repetitive, even pathological. All factors united for a thrilling one-paragraph story, told relentlessly and ironically, with no breaks, sparing no feelings, and leaving no note unexplored. An ode to Glenn Gould and the Loser. 

Houellebecq est VIVANT

Michel Houellebecq: La carte et le territoire

La carte est-elle plus intéressante que le territoire? Les photos plus représentatives de la réalité que les objets eux-mêmes? D'ailleurs, qu'est-ce que définit la valeur des choses? Est-ce qu'un tableau a plus de valeur s'il est présenté par un célèbre écrivain? Une bonne réflexion sur la société, l'art contemporain, et la position de l'homme dans ces deux mondes. Jed Martin, trentenaire et sympathique (quoique distant des autres), nous achemine dans sa carrière d'artiste plasticien, qui prétend transformer les choses et les personnes en objets d'art. Plusieurs rencontres marquent (ou bouleversent) la vie de Jed, comme celle de Olga, blonde et sublime (je n'en suis pas surprise), et celle de l’écrivain de Michel Houellebecq, qui, ensemble, propulsent Jed Martin (sans le savoir/vouloir?) à la célébrité dans le monde de l'art. Bien que la prose soit (un peu trop) simple (à mon goût), Houellebecq (l'auteur pas le personnage) jalonne son texte de pistes d’idées pertinentes sur les relations humaines, l'amour, le tourisme, la mort et la France. Par contre, j'ai plusieurs points d'interrogation sur l’objectif des interminables références à des personnages réels dans le livre (dont l'auteur lui-même), les petites "entrées de Wikipedia" qui m'ont paru impertinentes dans le texte, et surtout la fin du livre. La trame, déjà fragile, prend un détour policier : HOUELLEBECQ EST MORT! Un meurtre exécuté à sang-froid, dont la visée et l’auteur restent à dévoiler. En gros, une bonne lecture, de nouvelles idées. Par contre, trop de publicité, pas assez de prose. 

Monday, July 1, 2013

Catch me before I fall

J.D. Salinger: The Catcher in the Rye

That killed me. If you're looking for an insightful story told by an "un-phony" teenager, there you have it. Personally, the main character, Holden Caulfield, reminded me of myself, growing up, as he tries to understand why adults have lost all things he adores about his younger sister, Phoebe. If you really wanna hear about it, Holden is kicked out of school and finds him self erring, avoiding as much as possible an encounter with his parents, which can only be upsetting, to say the least. He leaves his "phony" school, earlier than scheduled, and finds himself wandering around New York, not knowing what to do. With his shrewd observation and a cunning sense of humor, Holden explores sexuality, alienation, maturity and many questions that every teenager confronts at a critical age. This is a good book that might appear destined to teenagers but that is equally accessible to adults.